Arnaud de Pontac, au XVIIème siècle fait construire sur les bords de la Leyre le château en remplacement du Castéra. L’élégante chartreuse, construite avec les pierres de la carrière proche, présente un corps central de 3 travées, un escalier monumental et d’importantes caves.
À la Révolution française, Nicolas Pichard, le seigneur de Salles, comptait bien augmenter ses profits. Il demande à Jean Leclerc (dit Clerc) issu d’une vieille et influente famille bourgeoise de gérer l’administration de ses biens. Faisant partie de la noblesse de robe, Président influent du parlement, ce dernier menait un grand train de vie dans son hôtel de la rue du Mirail à Bordeaux. Il comptait bien augmenter ses profits à Salles. Clerc, gestionnaire apprécié, transmettait à ses maîtres les prix estimés des grains, bois, résines et laines, collectait les taxes et rendait compte des moindres incidents. Le régisseur, à la Révolution eut bien du mal à éviter les pillages, appropriations illicites et réquisitions imposées.
Dès 1790, Nicolas Pichard et sa famille quittèrent la région. L’épouse malade devait prendre les eaux dans les Pyrénées. La fille, Marie-Adélaïde avait épousé le Marquis de Puységur. Ils profitèrent de la proximité de la frontière pour émigrer en Espagne, le père lui versant 12 500 livres sur la pension qu’il lui avait consenti. Jean Clerc, à Salles, continua d’expédier par courrier ses comptes-rendus de gestion. Il avoue même avoir soustrait et mis en lieu sûr 500 livres qu’avait rapporté la vente de la laine. Il fit également part dans ses correspondances de ses sentiments d’opposition aux changements de la société et son souhait d’un proche rétablissement à chacun de ses droits.
Fin 1793, les révolutionnaires perquisitionnèrent au domicile de Pichard à Saint Germain en Laye. La correspondance de Jean Clerc soigneusement classée, fut saisie, constituant pour le maître comme pour le valet, une pièce d’accusation majeure. Accusés d’avoir aidé leur gendre et leur fille à émigrer en Espagne, l’ancien seigneur de Salles et sa femme furent emprisonnés.
En mai 1794, le Comité de Sûreté ordonnait l’arrestation de Clerc et son transfert à Paris pour être traduit avec les Pichard devant le Tribunal Révolutionnaire et son terrible accusateur public Fouquier-Tinville. Le procès fut vite expédié et, le 30 juin 1794, les condamnés montèrent dans la charrette pour être exécutés sur la Place de la Barrière de Vincennes.
Serge MARTIN
« La Leyre, Contes et Chroniques d’autres temps »
Les Dossiers d’Aquitaine.
Panneau implanté devant la grille du château.
Une puce NFC permet d'accéder à l'ensemble des panneaux du sentier d'interprétation en apposant le téléphone sur la borne.